Le PRAPS à l’heure du bilan

Atélier régional de capitalisation des résultats/Acquis du PRAPS-1

Lancé en octobre 2015 pour une durée de 6 ans, la première phase du PRAPS arrive à échéance le 31 décembre 2021. Conformément au mode opératoire des projets et de la Banque mondiale, l’Unité Régionale de Coordination du PRAPS (URC/PRAPS) et les six (6) pays de mise en œuvre du Projet se sont réunis du 20 au 24 septembre 2021 à Bamako dans le cadre de l’Atelier régional de capitalisation des Résultats / Acquis du PRAPS-1.

L’atelier de Bamako est l’aboutissement d’un processus de capitalisation entamé au niveau de chaque pays et du niveau régional  et avec la FAO en 2020 dans le cadre de la Formulation du PRAPS-2. Il  a permis aux parties prenantes du projet  de jeter un regard rétrospectif sur les approches, les stratégies de mise en œuvre, les méthodes les résultats obtenus : physiques et immatériels, les acquis institutionnels et les changements induits par l’intervention du projet notamment pour l’amélioration de la résilience des populations pastorales et agro-pastorales.

Au cours de la semaine de travail, les participants , organisés autour des cinq composantes du projet ont examiné les Résultats/Acquis du projet dans son ensemble, fait le bilan de leurs performances, échangé autour des enseignements en vue mieux performer au cours de la phase 2 du PRAPS pour  le bien-être des pasteurs et agropasteurs. Ils ont par ailleurs identifié les bonnes pratiques et les thématiques pour le développement des histoires à succès du Projet. Il s’agit notamment pour la

Composante 1 : Amélioration de la santé animale

  • Mise en place d’une base de données géolocalisées des infrastructures vétérinaires
  • Elaboration et mise en œuvre d’un plan de formation des services vétérinaires
  • Les bonnes pratiques de vaccination
  • Mise en place d’un dispositif opérationnel de contrôle de médicaments vétérinaires

Composante 2 : Amélioration de la Gestion des ressources naturelles

  • Développement des accords transfrontaliers pour une transhumance apaisée (bilatéraux et multilatéraux)
  • Mécanismes de gestion durable des infrastructures
  • Approche ingénierie sociale

Composante 3:Facilitation de l’accès aux marchés

  • Mise en gestion déléguée des infrastructures marchande
  • Implication du genre dans la gestion des infrastructures marchandes
  • Harmonisation de la méthodologie des collectes et transmission des données dans le SIM B
  • Implication des COGES dans la collecte

Composante 4. Gestion des crises pastorales

  • Renforcement des dispositifs nationaux et régionaux d’alerte précoce par la prise en compte de la situation pastorale
  • Intégration des paramètres pastoraux dans les enquêtes du Système d’Alerte Précoce (SAP)
  • Appui aux OP féminines dans la transformation des produits de cueillette alternatives pour améliorer et diversifier les sources de revenus et contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des hommes et des animaux

Des thématiques transversales telles :

  • L’Ingénierie Sociale, une approche participative pour la sécurisation du foncier rural et la pérennisation socio-économique des infrastructures pastorales
  • Le Webmapping ou la Cartographie des infrastructures ou événements pour une meilleure visualisation des réalisations du projets

La feuille de route élaborée connaitra la poursuite des travaux dans les pays et au niveau régional pour la finalisation du Rapport Général de la capitalisation du PRAPS, par le Consultant, attendue le 15 octobre 2021.

Les résultats de la capitalisation du projet servira également de matière pour l’Evaluation finale de celui-ci.

En rappel, le PRAPS-1 au 30 juin 2021 dans les 6 pays c’est entre autres:

  • 2 488 730 bénéficiaires directs dont 34% de femmes avec des prévisions de 2 070 000 et 30% de femmes
  • 34 248 Bénéficiaires directs d’Activités Génératrices de Revenus dont 87% pour une prévision de 21450 dont 50% de femmes.
  • 267 174 650 animaux vaccinés dont 117 605 323 Bovins contre la Péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et 149 569 327 Petits ruminants conte la PPR.
  • 6 323 318 ha sous gestion durable des paysages soit 125% des prévisions
  • 295 Points d’eau fonctionnels
  • 82 Marchés à bétail construits ou réhabilités
  • 23 Aires d’abattage
  • 26 Centres de Collecte de lait
  • 11 Etals de boucherie
  • 46 Magasins d’aliments pour bétail construits



Le Master Professionnel en Pastoralisme : Un Pool de compétences au service des pays face aux nouveaux défis du pastoralisme

«Avant le premier cours, je n’avais pas beaucoup de notions sur le pastoralisme car je suis Agronome de formation mais après les échanges que nous avons eus pendant le cours, j’ai été convaincue que le développement du monde rural passe d’abord par le pastoralisme, les autres activités suivent après » Madina Abdoulaye Affadine, 1ère Promotion du Master Professionnel en Pastoralisme 

A l’initiative du PRAPS et sur financement de la Banque mondiale, un Master Professionnel en Pastoralisme (MPP) a été lancé en janvier 2017 au Centre Régional AGRHYMET de Niamey, au Niger. Cette formation, au départ, lancée au profit de 24 cadres des 6 pays du PRAPS : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad a considérablement renforcé les capacités des cadres sahéliens pour leur permettre de rendre en charge les nouveaux défis liés au pastoralisme dans leurs pays et leurs régions.

Au-delà des pays du PRAPS et suite au regain d’intérêt pour le pastoralisme, d’autres pays ( Bénin, Côte d’Ivoire, Cameroun) et institutions internationales ou de coopération ont manifesté de l’intérêt pour le MPP en finançant la formation d’autres étudiants.

Financé entièrement sur deux (2) promotions par le PRAPS et en co-financement pour la 3ème promotion, le MPP a (i) formé 77 Cadres supérieurs, des professionnels du développement rural, aptes à appréhender toute la complexité du pastoralisme et (ii) à accru progressivement le nombre de pastoralistes sahéliens compétents dans le domaine du pastoralisme.

Très original en matière de stratégies, ce Master en pastoralisme  s’est appuyé sur une approche transversale, systémique, pluridisciplinaire qui a combiné les sciences de la vie et de la terre à celles des sciences humaines.

Ouverte aux étudiants et professionnels des domaines de l’Agronomie, la Zootechnie, la Foresterie, du Génie rural, de la Médecine vétérinaire, de la Géographie,  de l’Economie et  de la Sociologie, cette formation dispensée par des acteurs du pastoralisme de haut niveau a allié des stages pratiques des étudiants dans leurs pays, sanctionnés par un mémoire soutenu devant un jury, développant les différents sous-secteurs du pastoralisme.

Les structures impliquées dans les enseignements et stages  au profit des étudiants sont les Universités nationales, les structures nationales de recherche , les Institutions internationales d’enseignement et /ou de recherche (CIRAD, IED, CSE, ISSP, IRAM, SUPAGRO, PPZS, etc.).

En 2021, Madina Abdoulaye Affadine, Etudiante directe de la 1ère promotion du MPP et une des représentants du Tchad, exerce depuis 4 ans dans l’administration  publique tchadienne , au sein du Système d’Information sur la Sécurité Alimentaire et d’Alerte Précoce (SISAAP), équivalent du Système d’alerte précoce (SAP) dans les pays de la sous-région.

A l’issue de sa formation, elle déclarait: «  En tant que jeune dame j’ai vécu la première promotion avec beaucoup d’enthousiasme. Sur le plan du cours, nous avons appris beaucoup sur le pastoralisme, ses avantages et les contraintes auxquelles il est confrontées. Ce Master nous a ouverts à davantage d’ opportunités dans le cadre de la mise en œuvre des politiques publiques pour le développement du pastoralisme au Sahel.

La formation liée au Master m’a poussée à voir plus loin; me battre tous les jours pour la cause des femmes vulnérables en zone pastorale et agropastorale.  Avec les compétences acquises, je dispose d’ un outil de bataille dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire au Sahel. En effet, mon thème de stage a porté sur les ‘’ Stratégies d’adaptation des femmes face aux changements climatiques pour une gestion durable des ressources naturelles en milieu pastoral ‘’  Il se justifie par le simple fait que le Département de Biltine est une zone agropastorale et de transhumance située dans la zone sahélienne. Le Sahel est fortement touché par les effets du changement climatique ces dernières années. Ainsi, les hommes partent en transhumance laissant derrière eux les femmes et les enfants. Ces femmes sont les populations à risque et les plus vulnérables de la planète. Bien que  vivant dans des conditions difficiles, elles adoptent certaines stratégies pour faire face aux changements climatiques quoique celles-ci ne soient pas durables.

Personnellement au quotidien, j’apporte ma contribution auprès de diverses organisations de mon pays et à l’international au développement de stratégies de résilience des pasteurs face aux changements climatiques et pour le renforcement de leur participation à l’économie de nos pays.

 De façon pratique, mon MPP et son contenu me sert toujours. En effet, il m’aide à suivre les indicateurs pastoraux (Situation de pâturage et des points d’eau, la situation zoo-sanitaire et le mouvement des animaux) dans le cadre de la sécurité alimentaire, nutritionnelle et pastorale ». Elle ajoute : « Il faut aussi noter que la situation pastorale d’une manière générale est un indicateur déterminant (source de nourriture et de revenu de certains ménages) de la sécurité alimentaire dans les pays à forte potentialité d’élevage. ».

Lucien S. NANEMA, aujourd’hui Directeur de la sécurisation de l’espace pastoral au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MRAH) du Burkina Faso, précédemment Etudiant et Major de la 1ère Promotion du MPP avait mentionné à la rentrée en  janvier 2017 : ‘’ L’objectif de mon inscription à ce Master est de pouvoir apporter ma contribution à l’élevage pastoral au Burkina Faso qui est mon pays d’origine. Je voudrais aussi apprécier en termes de stage sur le terrain la contribution de l’élevage pastoral et surtout la prise en compte des attentes dans les politiques de développement qui étaient les dernières au niveau  fiscal. Le plus important pour moi est qu’après la formation je puisse apporter quelque chose à l’élevage pastoral ». Ainsi conformément à l’objectif de mettre en place un bassin d’expertises de haut niveau pour les pays du projet et au niveau international, le PRAPS et ses partenaires peuvent se réjouir de cette initiative du Master Professionnel en pastoralisme.

Ami BA GUEYE quant à elle, au préalable Etudiante du titre du Sénégal, a intégré le PRAPS-SN, particulièrement l’Antenne Sud de Koungheul en qualité d’Animatrice en mars 2019, une année après la fin de sa formation. Elle a en charge l’animation de deux Unités pastorales Boussoura Ndawène et Médina Salam notamment leur gestion organisationnelle. ‘’ Nous sommes l’interface entre les communautés et le projet. Nous leur fournissons des appuis conseil et les aidons dans le renforcement de leurs capacités. A leurs côtés, nous travaillons à faciliter leur appropriation des infrastructures et autres réalisations. Dans mon espace, le PRAPS a construit un forage équipé et des abreuvoirs, les bornes fontaines, les potences et les robinets, les parcs à vaccination, les magasins d’aliments bétail auxquels sont annexées des boutiques pastorales pour les femmes, les mises en défens : 27 ha à Médina Salam et 43 ha à Boussoura Ndawène. Les populations de cette zone d’intervention ont par ailleurs bénéficié d’une moto faucheuse pour leur permettre de conserver l’herbe fauchée dans une bonne qualité ».

Elle note: « La formation relative au MPP reçue m’a permis de capitaliser des expériences avec les autres étudiants, de tirer aussi avantage des voyages d’échanges ou d’études durant la formation et le stage pratique réalisé autour de la Mise en défens. Les connaissances acquises au cours de ma formation me permettent d’accompagner les bénéficiaires du projet dans plusieurs situations telles que la gestion des conflits, les axes de transhumance, leur gestion, comment accueillir les transhumants dans les Unités pastorales (UP)?.

En tant qu’Animatrice de deux (2) UP ayant bénéficié de la formation du MPP, Ami souligne que ses plus grandes joies sont notamment : « le fait d’avoir été formée par le PRAPS sur le Pastoralisme. J’étais une Etudiante directe comme on nous appelait parce que venant de l’Université  et sans expérience professionnelle contrairement à nos collègues déjà pétris d’expérience dans leurs domaines. Après ma formation, j’ai été directement mise à l’épreuve du terrain. J’ai travaillé avec les pasteurs et agropasteurs avec les acquis du MPP. Avant le MPP, je ne savais pas ce qu‘ était un abreuvoir. Aujourd’hui je suis au contact des réalités du terrain et je peux aider et accompagner nos bénéficiaires autour des infrastructures, de la gestion des conflits, de la résilience pastorale.

Aussi, je voudrais noter que le MPP nous a permis de nous positionner de manière transversale pour des résultats concrets sur le terrain. Par exemple, l’intégration du Genre dans nos activités est une réalité. Les boutiques pastorales sont exclusivement sous la gouvernance des femmes et nous les impliquons dans d’autres activités. Elles sont sensibilisées sur le leadership et leur rôle dans le développement de leurs communautés  ( préparation des pépinières pour le reboisement qu’elles font avec les hommes, l’animation des Comités de gestion des infrastructures

Une Etudiante mauritanienne de la 3è promotion du MPP raconte avec passion: «  les cours étaient diversifiés mais complémentaires. Deux modules m’ont considérablement aidées dans mes recherches et aussi dans la vie pratique. Il s’agit des ‘’ Sociétés  pastorales’’ et  » Economie pastorale’’. Après la formation théorique, nous avons effectué chacun un stage dans nos différents pays au cours duquel mon intérêt a été porté  sur L’autonomisation des femmes en milieu pastoral’’  sous l’angle de la sociologie dans le pastoralisme.

J’ai retenu sur le terrain, en parlant des femmes en milieu pastoral, qu’elles jouent un rôle vraiment essentiel dans l’économie des ménages. Également, ce sont elles qui contribuent plus dans les ménages en milieu pastoral que les hommes. En même temps elles ont leurs activités pastorales qui leur permettent d’être autonomes, indépendantes financièrement pour satisfaire les besoins du ménage malgré les difficultés qu’elles rencontrent à savoir l’insécurité et le harcèlement.

Elles sont particulièrement plus actives dans la vente des produits laitiers et dans d’autres activités de transformation et de commerce. Toutefois, elles  éprouvent de réelles difficultés à profiter à leur guise des bénéfices qu’elles en tirent. Il leur faut à elles l’approbation du tuteur soit le père, le mari ou le frère ou encore son fils.

Aujourd’hui, je suis à même au regard de ce que j’ai appris au cours de la formation du Master Professionnel en pastoralisme (MPP) de faire des analyses approfondies en lien avec le pastoralisme en m’appuyant sur le master en sociologie que j’ai fait au préalable. La base est essentiel pour réussir à profiter des acquis du MPP et le mettre au service des communautés pastorales ».

Dans la perspective de l’amélioration de la qualité de la formation pour s’aligner aux standards du CAMES et prendre en compte les besoins des pays côtiers, un atelier participant réunissant l’ensemble des acteurs (Anciens et nouveaux étudiants, Enseignants, Unités de coordination du PRAPS, les OP, les Institutions régionales, etc. ) pour l’actualisation du contenu de la formation  s’est tenu en mars 2021 au Centre Régional Agrhymet.  Au-delà de la révision des Curricula, l’atelier de Niamey s’est penché  sur les attentes des organisations afin de faciliter l’insertion professionnelle des formés.

Le Master professionnel en pastoralisme s’inscrit dans le cadre des activités de la  Composante 2 du PRAPS , Amélioration de la gestion des ressources naturelles qui durant la phase 1 du projet (2015-2021) s’est attelée à renforcer l’implication des communautés pastorales et agro-pastorales la gestion durable des ressources naturelles et à sécuriser leur accès à ces ressources. Elle met a cœur de ses activités les ressources « eau et pâturages, » qui souvent s’étendent au-delà des frontières nationales des pays du PRAPS.

Pour MADJI Magloire, Etudiant tchadien, Major de 2è Promotion qui s’est consacré à la thématique de la « Sécurisation de la mobilité pastorale dans les savanes soudaniennes du Tchad », : «  … la gestion concertée des ressources naturelles en général et les aménagements de sécurisation de la mobilité restent les fondements pour une transhumance apaisée en particulier dans les zones de savanes soudaniennes qui constituent de nos jours, des terres d’accueil et repli pour de nombreux pasteurs confrontés aux incertitudes diverses dans le Sahel ».

Pour lui, ce Master doit être pérenne  car étant une tribune qui permettra toujours aux étudiants ’ de rencontrer les sommités du pastoralisme afin de bénéficier de leurs riches expériences. Il suffit juste que les étudiants s’impliquent avec engagement dans le processus de leur formation dans un esprit d’équipe et de fraternité, de courage et d’abnégation pour réaliser combien  ils sortiront outillés et dignes de l’exaltante mission qui les attend’’.

Les défis aujourd’hui sont énormes pour ces cadres pastoralistes qui veulent aux mieux servir leurs pays et les communautés de pasteurs et agro pasteurs.

Pour Madina  Affadine : « … mes défis majeurs aujourd’hui en tant que femme dans le pastoralisme et par rapport à mon thème de soutenance  évoqué plus haut c’ est de : (i) lutter pour la création des centres d’alphabétisation, d’éducation et de formation professionnelle à l’endroit des filles et femmes vivant dans des ménages pasteurs et agropasteurs au Tchad, (ii) former les femmes sur la gestion des ressources naturelles et renforcer leurs capacités organisationnelles, (iii) orienter ces femmes dans la diversification de leurs activités afin de réduire les risques liés surtout au changement climatique.

Après du chemin parcouru depuis 2017 avec la première promotion du Master en pastoralisme, Pr Atta Sanoussi, Chef du Département Formation et Recherche, au Centre Régional AGRHYMET souligne: «  Ce Master est reconnu par le CAMES et nous pouvons nous réjouir des retombées et espoirs que cette formation porte en elle.

Madji Magloire, Major de la 2ème promotion du MPP, est actuellement en thèse au CRA dans le cadre du Projet Régional de Dialogue et d’Investissement pour le Pastoralisme et la transhumance au Sahel et dans les Pays Côtiers de l’Afrique de l’Ouest (PREDIP) sur le thème  » Utilisation de l’information satellitaire pour le suivi et l’évaluation des ressources pastorales »  ».

Le CILSS se réjouit entre autres dans le cadre du Master en Pastoralisme de l’accompagnement de ses partenaires techniques et financiers à travers le PREDIP et le Programme de développement durable des exploitations pastorales au Sahel (PDEPS)




L’ Accord bilatéral sur la transhumance transfrontalière entre la Région de Maradi et l’Etat de Katsina, une approche innovante de prévention et gestion des conflits

 » ….Même le Nigéria s’inspire de notre exemple, le Président BUHARI a réuni tous les Gouverneurs de la région du nord du pays pour les inciter à suivre l’exemple de l’Etat de Katsina.

Nous proposons à ceux qui veulent s’inspirer de notre modèle le processus d’élaboration des Accords, qu’ils passe par l’inclusion des acteurs, les groupes thématiques et autres  ». Hassane BAKA, Administrateur de l’ Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger (AREN)

Le 25 juillet 2017 est intervenue à Maradi au Niger, la signature d’un Accord bilatéral pour l’organisation et la gestion de la transhumance transfrontalière, entre le Gouverneur de la Région de Maradi au Niger et le Gouverneur de l’Etat de Katsina au Nigéria, représentant tous deux leurs régions.

 Cet accord est articulé autour de cinq (5)  groupes thématiques: sécurité transfrontalière et vol de bétail, mobilité transfrontalière ,commerce transfrontalier , veille informative transfrontalière et activités culturelles transfrontalières.

La signature de cet accord a été l’aboutissement d’un long processus sur lequel revient Hassane BAKA, Administrateur de l’AREN, structure Membre du Réseau Billital Maroobè

Quel est l’historique de l’Accord Bilatéral ?

Le partenariat entre les organisations pastorales de Maradi et celles de Katsina est un partenariat de longue date. Il nous permettait de négocier à notre manière de zones de repli au Nigéria. Vous n’êtes pas sans savoir que chaque année, les éleveurs du Niger séjournent entre 4 mois et 8 mois au Nigéria. Ainsi, le défi d’organiser et d’accompagner les transhumants nigériens s’imposait. Il fallait les accompagner et les assister.

A partir de ce moment, nous avons dû nous rendre compte qu’il y a beaucoup de défis au Nigéria que nous ne pouvons pas régler nous-mêmes.  Nous avons donc convenu d’organiser  des missions conjointes avec nos autorités, en l’occurrence, le Conseil Régional de Maradi avec les représentants du Gouvernorat et nous sommes allés sur les sites de la transhumance (les zones d’accueil de nos éleveurs) pour discuter avec eux à bâtons rompus pour nous imprégner de leurs difficultés au Nigéria. Ils nous ont tout expliqué et édifiés.

Nous sommes donc revenus ensuite à Katsina avec nos autorités pour voir dans quelle mesure trouver des solutions à ces difficultés qui reviennent chaque année. Nous avons à ce moment rencontré nos autorités pour leur demander d’institutionnaliser quelque chose, qui va prendre en compte certains grands principes de la transhumance sans rentrer en contradiction avec les textes de la CEDEAO.

Nous avons par la suite mis en place de petits Comités à Maradi et à Katsina pour réfléchir sur le contenu de l’Accord bilatéral. Nous avons grâce à ces Comités fait des propositions au Gouvernement et nous nous sommes tournés vers le PRAPS qui est notre partenaire stratégique. Le PRAPS s’est donc proposé de nous soutenir techniquement dans la formulation de l’Accord bilatéral avec le Nigéria et dans la signature de cet accord.

Le PRAPS s’est investi techniquement et financièrement dans ce processus avec nous. Nous avons présenté le premier draft de l’accord au Gouvernorat de Maradi et de Katsina. Le Gouvernorat de Maradi a envoyé les premières moutures au Ministère des affaires étrangères  et de l’intérieur du Niger pour avis. Celui de Katsina l’a envoyé au Gouvernement fédéral du Nigéria pour avis. Nous avons reçu des avis favorables de part et d’autre et c’est ainsi que nous sommes passées à la signature des accords. Le PRAPS a financé l’atelier de signature de cet accord inédit, les Gouvernorats de Maradi et de Katsina tout comme les autorités au plus haut niveau des deux pays étaient représentées. Comme nous connaissons le sort qui est souvent réservé aux accords, nous avons pris les dispositions pour rendre effective la mise en œuvre de cet accord en proposant un plan stratégique, un plan d’action,  un plan de communication et un règlement intérieur. Vous savez l’accord en amont est inclusif, nous avons travaillé de sorte qu’aujourd’hui nous ayons un Conseil des Gouverneurs qui se réunissent, nous leur transmettons les documents que nous produisons pour recueillir leur avis, c’est fondamental.

 En dessous des Gouverneurs, nous avons le Comité technique mixte composé des organisations pastorales, des chefferies traditionnelles, des chefs de services régionaux des deux pays.  Le Comité technique compte 26 membres, soit 13 par pays. Je suis d’ailleurs vice-président au titre des organisations pastorales dans ce Comité. A partir du comité, nous avons défini des groupes thématiques à savoir : Commerce transfrontalier, Gestion des ressources naturelles, Vols de bétail, sécurité transfrontalière, commerce transfrontalier, activités culturelles transfrontalières. Les groupes thématiques représentent le bras opérationnel de l’Accord. Ils travaillent sous l’autorité du Comté technique, qui lui travaille sous l’autorité du Conseil des Gouverneurs. Nous avons élaboré un plan de travail triennal validé par le Conseil de Gouverneurs et nous avons réalisé une table ronde avec nos partenaires à Maradi. Nous avons reçu des appuis qui nous ont permis de mettre en œuvre certaines activités. Le Gouverneur de Katsina s’est engagé à donner une grande contribution mais malheureusement pour diverses raisons, la contribue ne nous ait pas encore parvenue ; nous espérons toujours.

Quels sont les acquis de l’Accord Bilatéral?

L’Accord bilatéral est un francs succès, pour tous les pasteurs, tous les acteurs de la transhumance, nous demandons au PRAPS de bien vouloir institutionnaliser un accompagnement annuel.

Grâce à l’Accord Bilatéral, nous avons des acquis extrêmement importants. Le premier c’est le retour des animaux volés, les autorités de Katsina nous ont retournés plus de 3000 têtes de bétail volés au Niger. Le Niger à son tour a fait retourner plus de 1800 têtes de bétail volés au Nigéria et acheminées frauduleusement au Niger.

Des pasteurs étaient enfermés dans les prisons au Nigéria mais nous les avons ramenés. Grâce à l’Accord les pasteurs nigériens vont au Nigéria et il n’y a plus de conflit. Sans l’accord ils seraient tués.

Le Gouvernement de Katsina nous a même félicités pour notre contribution dans la réduction des conflits et nous a offert un véhicule neuf et des ordinateurs pour nous soutenir.

Par rapport aux zones de replis, l’Accord fait obligation aux partenaires de Katsina d’identifier des zones de replis aux pasteurs nigériens en cas de soudures difficiles. Et je puis le dire, ils l’ont fait jusqu’à ce que l’insécurité ne vienne tout bouleversé. Toutes ces zones aujourd’hui sont inaccessibles même pour les éleveurs du Nigéria.

Les éleveurs aujourd’hui sont disposés à apporter leur contribution financière pour la mise en œuvre des activités. Même sur fonds propre nous faisons des efforts pour valoriser l’Accord. C’est un acquis. L’accord sert de base politique pour gérer la transhumance. On a un code pastoral au Niger mais qui le connait au Nigéria ? Personne, ça n’engage pas le Nigéria. Nous sommes convaincus que les textes au niveau national ne peuvent pas gérer la transhumance.

L’Accord est mieux connu et il reste un outil précieux pour nous que nous allons laisser à la génération prochaine qui aura le devoir de l’amplifier.

Quels sont les grands défis liés à l’Accord Bilatéral?

Aujourd’hui le plus grand défi qui s’impose à nous c’est l’insécurité, elle défie hélas notre Accord qui avait de beaux jours devant lui.

L’Accord bilatéral a donné une belle image au Nigéria et de bons échos. Les Gouverneurs de trois Etats à Savoir Katsina, Zanfara et  Sokoto ont initié une rencontre de 48 heures avec leur homologue de Maradi. La rencontre a eu lieu à Maradi et avait pour but de capitaliser les acquis de l’accord bilatéral. Ils ont pris l’engagement, et c’est bien précisé dans le communiqué final qu’ils vont adhérer à l’Accord bilatéral Katsina-Maradi. Cet engagement reste d’importance capitale quoi fragilisé par le climat d’insécurité.

A cela s’ajoute le financement durable des activités du Plan d’action. Nous remercions la Coopération suisse qui nous accompagne également et lançons un vibrant appel aux acteurs du développement.

Quels sont vos recommandations ou appels ?

Il est souhaitable de travailler à réveiller cet élan d’élargissement de l’Accord pour une transhumance transfrontalière apaisée à d’autres Etats du Nigéria.

A l’endroit de nos partenaires techniques et financiers, particulièrement le PRAPS, ce dernier ne doit pas abandonner son bébé (l’Accord). Le projet doit à notre avis institutionnaliser l’accompagnement de l’Accord et apporter des appuis annuels pour son fonctionnement, appuis financier ou technique, tout ce qui est possible pour réaliser les attentes des acteurs. Il est vrai,  nous avons pu avoir d’autres partenaires qui nous soutiennent selon leurs moyens mais nous exhortons vivement le PRAPS à nourrir cette flamme dont il est le géniteur.

L’accord bilatéral serait déjà mort si les organisations professionnelles n’avaient pas consenti des sacrifices. Le portage politique est assuré par ces organisations qui sont plus durables. Nous avons d’autres partenaires aujourd’hui qui sont engagés avec nous pour faire prospérer l’Accord bilatéral.

Aujourd’hui les éleveurs pasteurs sont-ils respectés comme les autres citoyens ?

Ah oui, bien sûr c’est d’ailleurs notre vision, au Niger ils sont respectés comme les autres citoyens, les textes sont très clairs en termes d’accès aux services, droit à la citoyenneté.

Au Bénin, nous avons une faiblesse, il n’y a pas une organisation pastorale qui peut vraiment influencer le gouvernement en valorisant la transhumance c’est pour cela on est arrivé à cette décision que nous regrettons sur la transhumance nationale et internationale.

Il y a une étude qui a été diligentée autour de la décentralisation pour montrer l’importance de l’élevage et de la transhumance dans les sources de revenus des collectivités .  Il ressort que 85% des ressources des collectivités décentralisées provient de l’élevage. Il est clair que la transhumance est un bien public chez nous, mais le Bénin a choisi une option difficile à cause du manque d’information.

Notre vision est qu’ils soient respectés comme tout citoyen que leur contribution à l’économie nationale soit reconnue et que leur activité soit sécurisée. Vous convenez avec moi que la sécurité de l’activité pastoral est un grand défi pour le Niger et pour tout le sahel.

Aujourd’hui vous êtes les pionniers en matière d’Accord Bilatéral pour une transhumance transfrontalière, qu’est-ce cela vous inspire ?

Même le Nigéria s’inspire de notre exemple, le Président BUHARI a réuni tous les Gouverneurs de la région du nord du pays pour les inciter à suivre l’exemple de l’Etat de Katsina.

Nous proposons à ceux qui veulent s’inspirer de notre modèle de processus d’élaboration des Accords, qu’ils passent par l’inclusion des acteurs, les groupes thématiques et autres.

Nous sommes prêts à partager notre riche expérience avec tous les pays membres du PRAPS, nous sommes disponibles et ce sera un plaisir. Ce qu’il faut retenir et c’est fondamental pour rendre durable les choses notre expérience doit être dupliquée dans d’autres régions, il faut que ce soient les organisations pastorales qui portent l’initiative sinon ça ne marchera pas. Les OP ne doivent pas être considérées comme des bénéficiaires mais plutôt comme des acteurs.




‘’One Health’’: une approche combinant santé humaine et animale et l’environnement pour des interventions efficientes et durables en santé animale au Sahel.

Les maladies animales, notamment, la Péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et la Peste des petits ruminants constituent de réelles menaces pour le cheptel sahélien. Et pourtant des vaccins pouvant contrer l’évolution de ces maladies sont disponibles attendant un plus grand engouement pour les campagnes de vaccination contre ces maladies animales. Au cours des ETP-3 les réflexions ont convergé vers l’approche ‘’One Health’’. Le concept ‘’ One Health ‘’ est défini comme une « approche collaborative, multisectorielle et transdisciplinaire, le travail étant réalisé sur le plan local, régional, national et mondial, pour obtenir des résultats optimaux en matière de santé et de bien-être, tout en reconnaissant les interconnexions entre les personnes, les animaux, les plantes et leur environnement commun » (One Health Commission 2019). Cette approche , propose de considérer et de traiter en parallèle la santé humaine et la santé animale (animaux d’élevage, de compagnie et faune sauvage), en reconnaissant un lien fort entre santé et environnement et la démonstration de la valeur ajoutée d’une collaboration entre ces différents secteurs.

Le PRAPS a ainsi recommandé cette approche à tous les six pays afin de susciter l’adhésion des pasteurs et agropasteurs à la lutte contre les maladies animales.

De manière générale, ces dernières années, cette approche bénéficie d’une place de choix croissante au regard des résultats concrets de terrain. En effet, les populations pastorales ont pendant marginalisées dans l’accès aux services sociaux de base dont la santé. Par ailleurs, les perceptions locales de la santé humaine et animale sont similaires. Les éleveurs déterminent étroitement les actions entreprises et les relations aux dispositifs de santé animale. Les différentes cultures et les formes d’organisation sociale jouent ainsi un rôle central et doivent être étudiées et mieux comprises par tous les acteurs impliqués.

Les approches qui mettent en leur cœur le concept ‘‘One Health’’ favorisent les échanges transdisciplinaires entre sciences médicales, naturelles et sociales, et une attitude inclusive vis-à-vis des pratiques et des réseaux sociotechniques locaux.

Une meilleure compréhension réciproque entre les professionnels et les institutions en charge de la santé publique et les bénéficiaires, dans ce cas , les pasteurs, représente un préalable à toute amélioration de l’efficacité des dispositifs de santé animale et humaine.

Plusieurs interventions y relatives sont mises en œuvre dans les pays membres du PRAPS. Leur mode de fonctionnement consiste dans la constitution d’équipes mobiles mixtes médicale et vétérinaire. Les équipes mobiles opèrent grâce  aux financements de projets mais sont connectées aux services publics de santé humaine et animale et à leurs instances de gouvernance (Comités de gestion des Centres de Santé Communautaires des communes concernées). Des tournées mensuelles sont menées dans les zones rurales reculées, en tenant compte des itinéraires de mobilité des éleveurs. Des relais formés auprès des bénéficiaires assurent les activités de communication et de sensibilisation, les soins courants et la distribution de médicaments de base entre une tournée et l’autre. Les résultats affichés sont intéressants : l’accès aux soins, les taux de couverture vaccinale et les activités de surveillance épidémiologiques résultent nettement améliorés. Ces démarches sont appréciées par les populations pastorales marginalisées qui voient dans la mise en place d’un dispositif de santé à leur bénéfice la reconnaissance de leur citoyenneté.

Dans les zones pastorales les plus reculées du Sahel et dans les espaces frontaliers où l’analphabétisme est dominant avec un accès limité à l’information et aux services sociaux de base, l’approche ‘’One Health’’ devient utile pour contribuer à la fois à l’amélioration de la santé humaine et animale. Le PRAPS se félicite  des résultats probants affichés dans la région grâce à ses interventions.

Dans le cadre de l’intervention du PRAPS, l’OIE / CSRA qui appuie le projet dans la coordination du projet a élaboré Une Mallette ou Boîte à outils pédagogique en ligne et en copies dure sur la santé animale en version française et anglaise pour accompagner les acteurs d’élargir sa diffusion et son utilisation pour les services vétérinaires d’Afrique.

Développée par des experts de l’UMR ASTRE, celle-ci est composée de quatre documentation, un manuel pour le personnel de santé animale (le MUPSA), un kit pédagogique, des fiches sur les maladies animales prioritaires et un guide de l’utilisateur.

La Mallette pédagogique « Animal Health » comprend :

Le Manuel à l’Usage du Personnel de Santé Animale (M.U.P.S.A) constitue un support de formation continue et un outil de référence pour le terrain. Il contient cinq parties organisées autour des principaux domaines de la santé animale. Chaque partie détaille de manière simple et imagée les notions importantes à connaître pour l’exercice quotidien des missions des agents communautaires, des para vétérinaires et des vétérinaires privés et/ou publics intervenant dans les pays du Sahel. Les rôles de chacun de ces acteurs, la reconnaissance des maladies animales prioritaires et les techniques de santé animale de base sont expliqués dans cet ouvrage.

Les Fiches Maladies Animales Prioritaires de reconnaissance de 27 maladies et syndromes contenues dans le M.U.P.S.A sont également proposées en édition indépendante. Chacune d’entre elles propose un résumé clair, pratique et illustré pour optimiser la reconnaissance des signes cliniques des maladies animales prioritaires du Sahel et les conduites à tenir face à celles-ci par le personnel de santé animale.

Le Kit Pédagogique est constitué de 8 fiches pratiques sur les méthodes et techniques pédagogiques actives. Il est prévu à l’intention des formateurs qui déploieront la Mallette Pédagogique Santé Animale PRAPS sur le terrain lors de sessions de formation et de sensibilisation du personnel de santé animale.

Le Guide d’Usage explicite les objectifs de la Mallette Pédagogique Santé Animale PRAPS et détaille les acteurs, les contenus, les publics cibles et les situations d’apprentissage dans lesquelles les formateurs pourront la déployer.

Cette boîte à outils établit un lien avec de nombreux sujets et projets de l’OIE, tels que l’éducation vétérinaire, les para professionnels vétérinaires, les médicaments vétérinaires, la résistance aux antimicrobiens (RAM), certaines maladies spécifiques et plus.

La mallette pédagogique PRAPS a été adaptée à l’Océan Indien  dans le cadre du Projet TROI et est disponible en version française, avec une mise à jour des maladies prioritaires (30 et non plus 27) grâce à une construction participative avec les partenaires de la zone.

Aujourd’hui, l’approche One Health se déploie au regard de ses avantages, dont le recours  à la  manière appropriée de gestion des risques complexes présents chez  l’Homme, les animaux et l’environnement, principalement dans les pays du Sud.

La mise en œuvre l’approche One contribue à améliorer les moyens de subsistance des communautés vulnérables dans les pays du Sud et d’accroître leur résilience sur la base de relations saines entre les personnes, les animaux et l’environnement

Pour rendre performante et pertinente, l’approche ‘’ One Health’’ il convient de diversifier  les partenariats entre plusieurs secteurs de développement et entre les différentes catégories de parties prenantes avec un focus sur les communautés locales et les organisations de producteurs,  dès la planification des actions de développement  de leur mise en œuvre et de l’évaluation des stratégies de développement.  




Le PRAPS relève le défi de l’implication des acteurs des réseaux sociotechniques de la santé animale

Bénéficiaires et Techniciens main dans la main pour la qualité des services vétérinaires

Le Sahel est soumis à une mobilité animale intense (transhumance,  transport et commerce) qui favorise la diffusion des maladies infectieuses animales. Cette région a été confrontée à des crises sanitaires majeures liées aux maladies animales notamment la péripneumonie contagieuse bovine  (PPCB) et la Peste des petits ruminants (PPR). La vaccination du bétail a démontré son efficacité; elle este la seule option pour sécuriser les sources de revenus des pasteurs et agropasteurs.

Cependant, au fil des années, à l’épreuve du terrain, le manque de collaboration entre les acteurs de premier plan du secteur (pasteurs et agropasteurs) a longtemps été évoquée comme un frein. Ce qui ne facilite pas la réussite des campagnes de vaccination ou les soins vétérinaires apportés au cheptel. La relation entre personnel vétérinaire et pasteurs a été caractérisée par la méfiance ou un faible degré de confiance entre eux. Les acteurs intervenant dans la santé animale se sont multipliés et les relations entre eux ont souvent été caractérisées par la compétition et l’absence de collaboration entre ces parties prenantes qui sont notamment les vétérinaires publics et privés, les auxiliaires, les services publics et organisations professionnelles d’éleveurs, etc.).

Les acteurs intervenant dans la santé animale se sont multipliés et les relations entre eux sont souvent caractérisées par la compétition et l’absence de collaboration (vétérinaires publics et privés, vétérinaires et auxiliaires, services publics et les organisations professionnelles d’éleveurs, etc.).

D’un autre côté, les services vétérinaires dans les zones pastorales enclavées du Sahel et dans les espaces transfrontaliers, peu accessibles, ont été perçus comme coûteux par les éleveurs. Ceux-ci préfèrent souvent recourir aux pratiques locales de soins et aux médicaments vétérinaires illicites largement diffusés et utilisés sous un faible contrôle. Ce choix très répandu dans le Sahel facilite malheureusement la propagation des principales maladies animales sur lesquelles est concentrée l’action du PRAPS. Les diverses campagnes de vaccination initiées dans ce contexte dans la région mobilisent l’attention des acteurs des 6 pays du projet.

Dans le but d’apporter une solution durable à cette situation qui met en péril les sources de revenus des milliers de pasteurs et agropasteurs du Sahel, lors des Entretiens techniques du PRAPS (ETP-3)d’octobre 2018 de Ouagadougou, le PRAPS a préconisé l’implication des  réseaux sociotechniques de la santé animale dans la stratégie de lutte contre les principales maladies animales : la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et la Peste des petits ruminants (PPR).

Pour le PRAPS, l’implication des acteurs des réseaux sociotechniques de la santé animale reste l’option privilégiée pour garantir le succès des interventions au Sahel. Ce choix prépondérant a permis au PRAPS de relever bien de défis qui concourent à l’amélioration de la santé animale dans les six pays d’intervention.

La notion de réseau sociotechnique

Une distance sociale et culturelle existe entre professionnels et éleveurs. Les aspects  «relationnels» constituent une entrave majeure à l’adhésion des éleveurs aux campagnes de vaccination: manque de confiance vis-à-vis du personnel et des interventions déployées; mauvaise qualité des informations sur l’utilité de la vaccination, ignorance de la nomenclature locale des maladies animales; attitudes dépréciatives à l’égard des éleveurs.

La notion de réseau sociotechnique suggère d’adopter une approche inclusive de tous les différents acteurs impliqués, leurs savoirs, pratiques et contextes sociaux.

 L’intégration de réseau sociotechnique permet de dépasser les clivages et les formes de hiérarchisation entre formes de savoirs et pratiques.  Elle invite à adopter une approche inclusive des différents acteurs, de leurs savoirs, pratiques et contextes socioculturels. Cette approche propose de se focaliser dans la santé animale  sur la compréhension des dynamiques et la promotion d’interactions au sein des réseaux sociotechniques pour améliorer l’efficacité de la lutte contre les principales pathologies.

Qui sont les acteurs ?

Les réseaux sociotechniques de la santé animale au Sahel incluent le vétérinaire public et privé, les auxiliaires, les organisations professionnelles d’éleveurs, les vendeurs de médicaments, les figures endogènes aux sociétés pastorales (référents politiques et religieux.

Les figures dépositaires de savoirs spécialisés et responsables d’activités stratégiques dans le domaine de l’élevage praticiens spécialistes de la santé animale, représentants des groupes d’éleveurs s’ajoutent aux catégories d’acteurs.

Comment impliquer les acteurs du réseau sociotechnique de la santé animale dans les initiatives en faveur du cheptel ?

Plusieurs actions peuvent faciliter une meilleure intégration entre les différents acteurs des réseaux sociotechniques de la santé animale. Cela comprend entre autres l’attention portée aux institutions et aux coutumes des groupes socioculturels concernés, la capacité de communication autour des actes effectués et une maitrise de la nomenclature locale des principales maladies animales; la continuité et la qualité des interactions entre personnel soignant et bénéficiaires; l’importance de préparer avec soin les interventions de santé animale incluant des figures endogènes aux groupes ciblés; l’implication des organisations des producteurs à la fois au niveau local que national dans l’élaboration et la mise en œuvre des interventions de santé animale.

Dans le cadre du PRAPS, tous ces acteurs ont été identifiés et sensibilisés sur leur contribution dans la préservation et la consolidation des revenus des pasteurs et agropasteurs du Sahel. Les efforts déployés par le PRAPS ont en effet contribué non seulement à améliorer leurs compétences mais également leur relation sur le terrain. 

Leur adhésion et leur forte participation ont permis au PRAPS d’atteindre un record inédit en termes de vaccination du bétail dans la région. Plus de 2 671 74 650 animaux ont été effectivement vaccinés dans les six pays d’intervention du PRAPS dont 117 605 323 têtes de bovins contre la péripneumonie contagieuse bovine(PPCB)  et 149 569 327 têtes de petits ruminants contre la peste des petits ruminants  (PPR).

L’amélioration de la reconnaissance et de l’implication de tous les acteurs des réseaux sociotechniques de la santé animale est nécessaire car la lutte contre les principales pathologies exige, pour être efficace, la mobilisation d’un large éventail d’acteurs intervenant à différent titre dans la santé animale.

La santé animale reste un bien public et un enjeu partagé entre tous les acteurs du développement pastoral.




Lutter contre les médicaments frauduleux, un autre levier du PRAPS pour l’amélioration de la santé animale

Un médicament vétérinaire correspond à toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger voir modifier ses fonctions organiques (UEMOA, 2006).

Les médicaments vétérinaires se présentent sous plusieurs formes et ont pour objectifs de maintenir les animaux en bonne santé et contribuer ainsi au bien-être de l’animal. Ils constituent des outils indispensables dans la qualité des soins sanitaires du cheptel et participent également à sa productivité.  Les médicaments vétérinaires ne sauraient être efficaces que s’ils obéissent aux principes actifs et aux exigences qui les accompagnent.

Dans l’optique d’assurer la bonne qualité de la santé animale des différents espaces, au niveau communautaire et national, des cadres et  dispositifs existent sur l’harmonisation des exigences techniques et l’homologation des médicaments vétérinaires. Cependant, compte tenu de plusieurs facteurs non justifiés ou non fondés, nombre de pasteurs et agropasteurs du Sahel recourent aux produits contrefaits dont les conséquences sur le bétail sont irréversibles.

A la faveur de la troisième édition des Entretiens Technique du PRAPS (ETP 3) tenus à Ouagadougou en octobre 2018, les praticiens de la santé animale et institutions représentées ont réaffirmé leur volonté de renforcer la lutte contre les faux médicaments vétérinaires ou médicaments vétérinaires frauduleux, véritables menaces pour le cheptel en général et pour le Sahel en particulier. Cet engagement du PRAPS aux côtés des pays et des institutions régionales  se conjugue pour atteindre les objectifs en matière de santé animale dans la région et pour le  bien-être des communautés à la base.

Les conséquences liées aux défauts de qualité des médicaments vétérinaires sont nombreuses  et de plusieurs ordres: (i) sur le plan médical pour les animaux traités et sur plan de la santé publique santé  : un manque d’efficacité, toxicité pour les animaux, résidus dommageables pour le consommateur. Le sous-dosage entraîne des risques de développement de résistance des agents pathogènes aux molécules médicamenteuses. Tel est l’un des messages forts formulés par les acteurs pour attirer l’attention des pasteurs et agropasteurs du Sahel sur le risque lié à l’utilisation des médicaments vétérinaires d’origine douteuse, à l’occasion  des ETP -3.

 Les praticiens de la santé animale et plusieurs institutions représentées ont réaffirmé leur volonté de renforcer la lutte contre les faux médicaments vétérinaires, véritables menaces du cheptel sahélien, (ii) sur le plan économique, l’objectif médical n’étant pas atteint, l’objectif de la rentabilité est vite perdu de vue et (iii) sur le plan scientifique, une multiplication des espèces avec des besoins non cernés.

L’efficacité de la lutte contre les maladies prioritaires comme la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et la peste des petits ruminants (PPR) dépend également de la qualité des vaccins, de leur conservation et des conditions de transport et d’utilisation. Par conséquent, leur livraison par les laboratoires, suite aux commandes, doit s’accompagner du diluant et du certificat PANVAC ; le transport, la conservation et l’utilisation des vaccins sur le terrain doivent rigoureusement respecter les indications du fabriquant et leur qualité sur le terrain doit être régulièrement contrôlée au laboratoire

Dans le but de contribuer à la sécurisation des sources de revenus des ménages pasteurs et agropasteurs, le PRAPS a engagé depuis 2015 aux côtés des pays la lutte contre les médicaments vétérinaires contrefaits.  Ces engagements se traduisent  sur le terrain par la saisie et la destruction des médicaments et produits prohibés, les opérations de sensibilisation des acteurs, la conduite des campagnes d’assainissement des médicaments et produits vétérinaires, la collecte et l‘envoi des produits vétérinaires suspects pour vérification de conformité dans les laboratoires de contrôle, l’actualisation de la liste des établissements distributeurs des médicaments et leur géo-référencement, la vulgarisation des textes réglementaires, etc..

Dans les six pays du PRAPS, Burkina Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal Tchad,  les pasteurs et agropasteurs sont encouragés à recourir aux services des agents vétérinaires qui détiennent l’expertise en la matière et les accompagneront pour une meilleure qualité de soins.

Par ailleurs,  le PRAPS a doté l’ISRA de Dakar d’un nouveau lyophilisateur afin d’apporter une réponse aux ruptures de vaccins vétérinaires, préjudiciables à la couverture sanitaire du cheptel. Cette acquisition a permis à l’unité de production de vaccin de renforcer sa production afin de couvrir entièrement les besoins nationaux, voire sous régionaux en matière de vaccins. La mise en service de ce système intégré de lyophilisateur a considérablement amélioré les performances enregistrées lors des campagnes nationales pour éradiquer des maladies animales.

 Dr Yaya THIONGANE, Directeur de l’Institut sénégalais de recherches agricoles ( ISRA) précisait concernant  le Lyophilisateur  : « Nous allons passer, d’une production manuelle, à une production automatisée : nous sommes prêts pour faire face à la concurrence. Avec ce  dispositif, nous pouvons nous comparer à Air Sénégal, car nous n’avons pas d’airbus, mais pour l’Unité de productions de vaccins de l’ISRA, c’est le décollage avec ce lyophilisateur fourni par le PRAPS.

 Nous allons bâtir un hub vaccinal car, l’une des forces de l’ISRA Productions de vaccins réside dans la qualité des vaccins produits. Les vaccins sont de très bonne qualité et répondent parfaitement aux normes et standards internationaux. Cela fait d’ailleurs la notoriété du laboratoire de production de vaccins de l’ISRA qui est une référence internationale dans la nomenclature de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Les vaccins sont très bien titrés et permettent une bonne immunisation du sujet vacciné. La chaîne de froid est bien maîtrisée, avec l’existence de chambres froides où les vaccins sont conservés dans les normes requises. »

Aussi, avec le PRAPS, l’amélioration de la santé animale passe-t-elle par la surveillance sanitaire : inspection et contrôle des denrées alimentaires d’origine animales.

La lutte contre les médicaments vétérinaires contrefaits est une lutte de longue haleine. La participation de toutes les parties prenantes est requise. La prise de conscience des acteurs surtout est un préalable sur lequel le PRAPS s’est considérablement investi ces six dernières années en y intégrant les campagnéens de sensibilisation dans les langues locales les plus parlées de ses zones d’intervention.




Investir dans les infrastructures vétérinaires et la logistique pour sécuriser la santé animale et garantir les revenus des ménages pasteurs

Le PRAPS proche de ses bénéficiaires et des techniciens pour une performance continue dans la santé animale

‘’ …il y a de cela quelques temps, nous avions été informés que nous bénéficierons d’un parc de vaccination et suite à cette information nous avons été formés pour pouvoir gérer le parc et effectivement aujourd’hui, ce parc est une réalité. Nous sommes contents de la réalisation du parc de vaccination au profit du village.

Nous rendons grâce à Dieu et nous remercions grandement le PRAPS-BF, ce projet qui aujourd’hui nous a permis de bénéficier de ce parc qui va nous soulager énormément.

Auparavant, nous faisions 15 km pour aller vacciner nos animaux et avec la réalisation de ce parc, c’est une distance de gagnée et ce temps qui est gagné en distance, nous permettra de nous consacrer à autre chose et de pouvoir vacciner sur place. Nous disons merci au PRAPS-BF et à tous ceux qui accompagnent ce projet pour mettre à notre disposition l’ensemble des infrastructures qui nous permettront d’atteindre nos objectifs, mais surtout, de pouvoir survenir à nos besoins tels que se soigner, scolariser nos enfants grâce aux produits de la vente des animaux bien portants ‘’. SAWADOGO Saïdou, Président du Conseil Villageois de Développement (CVD) à Somiaga, Province du Yatenga, Région du Nord, Burkina Faso

L’amélioration de la santé animale dépend de la qualité,  la disponibilité et l’accessibilité des services vétérinaires mais aussi de la qualité des infrastructures vétérinaires disponibles. Or les moyens affectés par les gouvernements pour le fonctionnement des services vétérinaires dans la région du Sahel ne peuvent pas couvrir les besoins et attentes pour mener à bien leurs missions de surveillance et de contrôle des maladies infectieuses.

L’intervention du PRAPS dans ce domaine contribue à soutenir les actions de ses pays membres . Cela, en comblant le gap lié à la défaillance ou à l’inexistence des infrastructures appropriées pour l’atteindre les Objectifsde développement durable (ODD) de l’Agenda 2030. D’importantes ressources techniques et financières ont été mobilisées pour moderniser les infrastructures vétérinaires dans les six pays concernés par le PRAPS et rapprocher les services vétérinaires des communautés pastorales.

Ces infrastructures sont capitales dans la fourniture des services vétérinaires de qualité. Cependant, les moyens affectés pour le fonctionnement de ces services dans la région du Sahel restent insuffisants quoique la demande demeure forte malgré. Il est à noter que l’amélioration des revenus des ménages pasteurs et agropasteurs reste tributaire de la qualité de la santé de leur bétail d’où le rôle incontournable des services vétérinaires.

La situation liée aux services et infrastructures vétérinaires dans la région est caractérisée par :

– l’appauvrissement des ressources humaines tant en quantité qu’en qualité (phénomène du vieillissement des cadres dans de nombreux pays);

– le nombre insuffisant des infrastructures et leur degré de vieillissement tant au niveau central que déconcentré (poste vétérinaires, poste frontaliers, parcs de vaccination, etc.);

– un déficit chronique en équipements divers (moyens logistiques, équipements techniques, matériel informatique, équipements de laboratoire, etc.);

– des dotations faibles ou parfois même inexistantes en moyens de fonctionnements (consommables divers, frais de mission, etc.).

Le PRAPS, conscient que l’amélioration de la santé animale repose entre autres sur la qualité des infrastructures vétérinaires s’est investi ces six dernières années dans la construction et ou la réhabilitation des infrastructures vétérinaires (postes vétérinaires, parcs de vaccination) dans les six pays concernés par le PRAPS : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad.

De plus, tous les pays PRAPS ont bénéficié d’appuis techniques en vue de l’utilisation des nouvelles technologies (KobotoolBox), d’ équipements pour une gestion plus efficace et fiable des données épidémiologiques et la mise en place du dispositif de marquage des animaux vaccinés contre la PPR pour optimiser les moyens et assurer une bonne couverture vaccinale.

Au total, 365 parcs de vaccination et 148 unités vétérinaires ont été entièrement construits ou réhabilités. Pour Monsieur GAMBO Mamadou, Directeur départemental de l’élevage à Takiéta au Niger, dont le service est doté d’un poste vétérinaire  et d’un parc de vaccination construits par le PRAPS, les infrastructures vétérinaires modernes sont nécessaire pour fournir un service de qualité en santé animale. « Avant le joyau offert par le PRAPS, nous  vaccinons le bétail dans un cadre d’infortune, construit avec du matériel précaire et il nous était très difficile de maitriser les animaux » Ce dernier a souligné le changement intervenu dans son service grâce à l’intervention du PRAPS. « Avant la construction du poste vétérinaire, par le PRAPS, nous étions cinq à six services dans un petit bâtiment. Maintenant, nous sommes seuls dans notre bâtiment à nous, alors nous pourrons donc remplir convenablement notre mission.   Nous saluons la contribution du PRAPS qui va permettre de booster l’élevage dans notre pays. De telle coopération est souhaitable pour ce secteur ».

Au-delà des infrastructures et bâtiments, dans la perspective de la durabilité des acquis, dans les pays, le PRAPS a signé diverses conventions avec les services techniques pour les accompagner qualitativement.

Dans le domaine de la santé animale, le PRAPS – Mauritanie  a signé une convention avec la Direction des Services vétérinaires pour renforcer ses capacités opérationnelles qui entre autres mettre à leur disposition des équipements informatiques, de froid dont 04 réfrigérateurs, 22 congélateurs et 28 glacières isothermes au niveau central, au niveau des wilayas, au niveau des Moughataas et au niveau des postes frontaliers.

Les services vétérinaires ont bénéficié de moyens logistiques : motos et véhicules au niveau central et au niveau local. Une vingtaine de véhicules Pick-Up flambant neufs et une dizaine de motos ont été également mis à la disposition des Délégations régionales et des Inspections départementales du Ministère du Développement  Rural.

«Le véhicule fourni par le PRAPS Mauritanie rend de multiples services à l’Inspection d’Élevage de Boutilimit », a déclaré le Hakem de cette Moughattaa. Avant d’ajouter : « Depuis que le véhicule a commencé à sillonner régulièrement les localités de  notre Moughataa, je dirai que les éleveurs sont plus enclins à faire vacciner leurs animaux. Nous les utilisons entre autres pour la sensibilisation et la communication de proximité avec les pasteurs.»

L’Inspecteur d’Élevage de Boutilimit partage aussi cette même appréciation : «Le fait d’avoir à notre disposition un véhicule a été l’état de grâce pour les éleveurs des localités situées à Ajar, à l’ouest de la moughattaa, qui sont réputées difficiles d’accès, et où il y a pourtant de fortes concentrations d’animaux ».

Abdallahi  Ould Sidimou, un pasteur de la localité d’El Akrich (située à 88 km de Boutilimit) : « Depuis que l’Inspecteur d’élevage et l’auxiliaire vétérinaire ont commencé à faire des tournées régulières en véhicule dans notre localité  nous n’avions plus à nous rendre jusqu’au chef-lieu de la Moughatta de Boutilimit. Maintenant, c’est eux qui viennent vers nous pour vacciner, pour soigner et pour prendre en charge les cas d’urgence ».

Les défis relevés par le PRAPS sont reconnus et salués par Abdoul NINO, Présidant national des éleveurs et des agro-pasteurs du Niger qui a également géré les crises pastorales dans la région de Diffa aux côtés du PRAPS « le PRAPS a fait de grands efforts en matière la santé animale et dans les autres composantes du projet ; ce qui reste un grand atout pour nous aujourd’hui. C’est une évidence, le PRAPS et la Banque mondiale ont impacté durablement la vie quotidienne des pasteurs de notre région et de notre pays»

Somme toute la modernisation des infrastructures vétérinaires et les appuis multiformes apportés dans la zone d’intervention du PRAPS ont permis d’accroitre le nombre d’animaux vaccinés qui s’élève à 2 671 74 650 millions dans les six pays du projet dont 117 605 323 têtes de bovins contre la péripneumonie contagieuse bovine(PPCB)  et 149 569 327 têtes de petits ruminants contre la peste des petits ruminants  (PPR).




La vaccination dans le PRAPS une approche garantie pour améliorer la santé animale au Sahel

Dans le cadre de la sous composante 2 de ce volet du projet, ‘’ Appui à la surveillance et au contrôle des maladies prioritaires et des médicaments vétérinaires’’, le PRAPS tout au long de ses six (6) années a mis en œuvre des initiatives qui ont contribué à réduire la prévalence des maladies régionales essentielles (en particulier la péri-pneumonie contagieuse bovine et la peste des petits ruminants) dans la région du Sahel. Des campagnes de vaccination à l’échelle régionale contre ces différentes maladies animales ont été faites avec succès grâce à l’adhésion des bénéficiaires  et à leur appropriation des activités du projet.

L’intervention du PRAPS dans le domaine de la santé animale s’appuie sur le constat unanime d’un déficit important  entres autres dans le financement des activités de santé animale qui se répercute négativement sur les capacités d’épidémio-surveillance, de planification, d’intervention opérationnelle contre les maladies, de contrôle des médicaments vétérinaires et de la sécurité sanitaire des aliments. Un autre grand facteur limitant de l’efficacité des services vétérinaires nationaux des pays sahéliens est le faible niveau de confiance entre les techniciens de la santé animale, et les pasteurs.

En effet, dans la ligne de mire du PRAPS se trouvent deux grandes maladies animales à éradiquer, la  PPCB et la  PPR, principaux fléaux en termes de santé animale dans les pays sahéliens

Dans le but de réduire le taux de prévalence de ces maladies animales préjudiciables aux sources de revenu des pasteurs et agropasteurs et aux économies des pays sahéliens, le PRAPS a initié des  campagnes de vaccination à l’échelle nationale pour sécuriser les revenus des ménages de pasteurs et agropasteurs dans un élan d’intérêt régional.

Pour garantir la durabilité de ses interventions, le PRAPS a d’abord suscité l’adhésion des pasteurs, agropasteurs et organisations professionnelles à travers des sessions de sensibilisations.

Par ailleurs, les directions nationales des services vétérinaires des six (6) pays du projet : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal Tchad, ont été soutenus dans la conception et dans la mise en œuvre des campagnes de sensibilisation. Ce soutien a abouti à: l’élaboration de messages clés de sensibilisation pasteurs et agropasteurs et des éleveurs, la production et la diffusion de spots en plusieurs langues nationales des spots et des sketches radiophoniques produits dans les langues nationales  et diffusés sur les radios communautaires et l’utilisation des réseaux sociaux, notamment WhatApp, des supports crypto visuels notamment des affiches géantes et des dessins pédiculés qui abordent plusieurs thématiques liés à la santé animale ont été produits. Tous ces outils, largement diffusés dans les zones pastorales les plus reculées du Sahel avec une forte participation des organisations professionnelles ont permis de déconstruire chez les bénéficiaires du projet, les préjugés et stéréotypes qui limitaient leur participation aux campagnes de vaccination du bétail.

Ainsi, plusieurs campagnes de vaccination à l’échelle régionale contre la PPR et la PPCB ont été organisées chaque année avec succès pour renforcer la santé du cheptel et sécuriser les moyens d’existence des ménages pastoraux.

Le PRAPS c’est également le marquage des Petits ruminants lors des campagnes de de vaccination . Mariéta BA, 45 ans, village de Bounama Yelour au Sénégal, bénéficiaire de la vaccination avec marquage au trèfle se prononce sur les bénéfices insoupçonnés da la vaccination :« Depuis que j’ai commencé à vacciner, les décès ont baissé de 20 animaux environ par an, à deux ou trois. C’est un gros bénéfice que je veux d’autant plus consolider que le vaccin est presque gratuit. C’est pourquoi, j’encourage tous les éleveurs à faire vacciner leurs bêtes avant le départ pour la transhumance. Ainsi, on protège nos animaux en zone de départ et on protège les animaux des zones d’accueil. »

La qualité des médicaments vétérinaires reste toujours d’actualité pour une santé animale durable. Ainsi, un programme de surveillance de la qualité des médicaments vétérinaires a également été mis en place. Tout comme pour faire de la vaccination du bétail, une réalité,   des campagnes de sensibilisation et des formations des pasteurs et agro-pasteurs ont été organisées avec pour objectif d’accroître leur participation à la surveillance et au contrôle des maladies animales mais surtout à adopter de bonnes pratiques.

Dans la même veine, des efforts ont été faits pour améliorer les relations entre agents vétérinaires et éleveurs, jusque-là caractérisées par la méfiance. La confiance dans le domaine du pastoralisme et de façon spécifique dans les rapports  entre techniciens et pasteurs reste fondamentale.

Outre ces actions, le PRAPS a accompagné et soutenu l’installation d’unités de contrôle par l’achat d’équipements et matériel de laboratoire, la formation des cadres et la prise en charge d’une assistance technique internationale dans les six pays.

L’engagement du PRAPS en faveur de la santé animale dans la région du Sahel a permis de vacciner plus de 260 millions d’animaux contre la PPCB et la PPR  dans une dynamique continue d’offrir de meilleurs services en vue de sécuriser les revenus des pasteurs.




6 années durant, le PRAPS a fait de l’Amélioration de la santé animale au Sahel une priorité

« Le parc de vaccination de Rayan est situé entre 5 villages, ce qui en fait un pôle d’affluence, sauf qu’aujourd’hui une bonne partie du bétail est en transhumance. Grâce au PRAPS, les maladies telles que la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la peste des petits ruminants (PPR) ou encore la pasteurollose ont  été éradiquées  car les vaccins et les médicaments sont disponibles  et accessibles.  Oui nous sommes heureux et fiers car avec l’appui du PRAPS, environ plus de 3 millions de vaccins sont mobilisés pour la campagne nationale chaque année. » Inspecteurdépartemental, Mohamed Ould Imigine de  Rayan, en Mauritanie.

L’amélioration de la santé animale,  reste un des piliers majeurs de la Déclaration de Nouakchott d’octobre 2013, justifiant ainsi de l’importance du Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS). Ladite Déclaration met en avant l’importance des appuis à apporter aux services de santé animale dans la perspective de l’amélioration des conditions de vie des pasteurs et agro pasteurs.

L’élevage joue en effet, un rôle central dans l’économie des pays ouest-africains et sahéliens, avec une contribution au PIB agricole allant parfois jusqu’à 44 %,(CEDEAO, OCDE,CSAO : 2008) mais le secteur est confronté à diverses maladies animales qui fragilisent sa contribution à la lutte contre la pauvreté.

La situation sanitaire du cheptel est caractérisée par la présence de certaines maladies transfrontalières qui apparaissent sous forme de foyers épidémiques causant dans la plupart de cas des pertes économiques importantes particulièrement dans le système d’élevage pastoral.

 Lancé en octobre 2015 à Bamako, le PRAPS s’est considérablement investi dans l’amélioration de la santé animale dans les six (6) pays de son champ d’intervention : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad et au niveau régional.

La première composante du projet, « Amélioration de la santé animale » dont la coordination régionale est assurée par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à travers le Centre régional de santé animale de Bamako (CRSA) vise à soutenir et renforcer de manière durable l’efficacité des services vétérinaires nationaux. Cela passe entre autres par l’amélioration de leurs capacités de surveillance et de lutte contre les principales épizooties transfrontalières qui touchent les grands et petits ruminants. Elle s’enracine sur deux sous composantes :

  • Amélioration des infrastructures et renforcement des capacités des Services vétérinaires nationaux, centraux et déconcentrés ;
  •  Appui à la surveillance et au contrôle des maladies prioritaires et des médicaments vétérinaires.

Le Sahel est soumis à une mobilité animale intense (transhumance, commerce) qui favorise la diffusion des maladies infectieuses animales. La région sahélienne a été confrontée à des crises sanitaires majeures à la suite de l’introduction de maladies notamment la péripneumonie contagieuse bovine  et  la Peste  des petits ruminants .

Pourtant, les services vétérinaires dans les zones pastorales enclavées du Sahel et dans les espaces transfrontaliers, qui devraient faire face à ces crises demeurent faibles en capacités, peu accessibles et perçus parfois comme coûteux par les éleveurs. Ceux-ci préfèrent souvent recourir aux pratiques locales de soin et aux médicaments vétérinaires contrefaits qui sont largement diffusés et utilisés sans aucun contrôle.

Pour pallier ces différents problèmes qui affaiblissent la performance du secteur, le PRAPS a accompagné, six (6) années durant, les six pays du Sahel dans la fourniture des services vétérinaires de qualité. L’intervention du PRAPS  au 30 juin 2021 s’est traduite par l’appui à la planification et à la mise en œuvre des campagnes de vaccination contre la péri pneumonie contagieuse bovine (PPCB) et  la peste des petits ruminants (PPR) . En effet, 267 174 650 animaux vaccinés dont 117 605 323 têtes de bovins contre la péripneumonie contagieuse bovine(PPCB)  et 149 569 327 têtes de petits ruminants contre la peste des petits ruminants  (PPR).

Les appuis diversifiés dont ont bénéficié Les Directions Générales et nationales des pays du PRAPS ont contribué à l’élaboration et à la mise à jour des plans nationaux stratégiques (PNS) pour la Peste des petits ruminants (PPR).

Tous les pays disposent de modèle de simulation à jour et de base de données budgétaires associées qui doit leur permettre d’actualiser facilement leur PNS PPR et PPCB et de suivre l’évolution de leur financement ;

Un des grands challenges relevés par le PRAPS  reste l’acquisition d’un Lyophilisateur pour la fabrication de vaccins  au  profit de l’Unité de production de vaccins de l’ISRA au Sénégal.

 D’un coût de 2 milliards de F CFA environ, dont 1,8 milliard financé par le PRAPS-SN et 150 millions par l’ISRA, le système intégré de lyophilisation permet, en effet, à l’ISRA de quintupler sa capacité de production de vaccins et de couvrir entièrement les besoins nationaux et même de servir les pays africains importateurs de vaccins.

Le renforcement des capacités des agents vétérinaires (formations continues et diplômantes) est resté un maillon fort en vue de l’amélioration des services en matière de santé animale

S’agissant notamment de la PPCB et la PPR, les techniciens de la santé animale évaluent aujourd’hui  avec précision l’état d’avancement des enquêtes de séromonitoring.

Ils ont par ailleurs l’expertise technique pour le déploiement et l’exploitation des bases de données  via Kobo ToolBox (KBT) .

Depuis 6 années, grâce à l’intervention du PRAPS, les 6 pays du projet sont compétents pour établir l’état d’avancement des campagnes de vaccination contre la PPR et la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB)

A cela s’ajoute la construction et la réhabilitation des infrastructures vétérinaires. Au total, 148 Unités vétérinaires dans les zones pastorales et transfrontalières, 365 parcs à vaccination, des centaines de véhicules tout-terrain et des motocyclettes ont été offerts aux directions nationales des services vétérinaires des six pays afin de rendre plus efficaces leurs interventions et rapprocher les services des communautés  pastorales.

 Pour Ahmed Ould Abdawa, intérimaire du chef de village de Kraa Lahmar, en Mauritanie  et président du comité de gestion du parc composé de deux femmes et trois hommes, « l’ouvrage nous épargne désormais les 10 kilomètres que nous parcourions à chaque campagne pour faire vacciner nos troupeaux, avec les risques liés aux pertes d’animaux en cours de route ».

Hamada Ould Ahmed Saïd, l’Auxiliaire vétérinaire du village de Kraa Lahmar , formé par le PRAPS pour évoquer la mobilisation et l’appropriation des infrastructures par les bénéficiaires renchérit, « aujourd’hui, même les plus réticents apportent leurs animaux pour la vaccination, ce qui a contribué à la baisse, sinon la disparition de plusieurs maladies qui décimaient le bétail ».

Par ailleurs, le Manuel technique à l’usage du personnel de la santé animale (MUPSA) et ses trois fascicules ont été remis au pays (version papier et version électronique) ont été édités et diffusés pour faciliter l’exercice des différents métiers. Au-delà du champ d’intervention du Projet, les manuels ont fait l’objet de traduction et de vulgarisation au profit des techniciens des pays anglophones.

Pour renforcer l’adhésion des acteurs autour de l’intérêt de la composante, les pays ont organisé régulièrement des campagnes de sensibilisation au profit des pasteurs et des éleveurs sur l’importance de la vaccination du cheptel et dans le cadre de la lutte contre les médicaments vétérinaires prohibés.

Avec l’heure des bilans, le PRAPS constate avec satisfaction, l’accompagnement de qualité apporté par l’OIE  aux pays en matière d’ingénierie technique et financière pour  l’approvisionnement en vaccins. Des recommandations ont été émises à l’intention des pays pour améliorer leurs performances et les perspectives d’atteinte des résultats. Tous les pays du PRAPS ont une bonne maîtrise des procédures d’acquisition des vaccins auprès de la Banque de vaccins accréditée.

Pour la pérennisation des acquis en matière de santé animale, les pays ont bénéficié de multiples appuis du régional pour l’élaboration des plans nationaux de formation (PNF)

La productivité des troupeaux conditionne la qualité de vie et les revenus des populations humaines. La maîtrise de la santé animale est un facteur majeur de cette productivité et, par conséquent, du bien être des ménages pastoraux et des économies nationales.

Et conscient de cette réalité, le PRAPS a contribué à mettre en place un dispositif de contrôle des maladies notamment, un réseau opérationnel de surveillance épidémiologique, à organiser des campagnes de vaccination de masse et  à rendre  opérationnelles les capacités des services régionaux de santé animale. 

Somme toute, l’intervention du PRAPS  a induit une réelle  transformation des Services vétérinaires dans son champ d’intervention   et au-delà.

Un agent technique de santé animale note avec satisfaction : « Auparavant, nous ne disposions pas de voitures, mais aujourd’hui chaque département est doté d’un véhicule offert par le PRAPS pour l’acheminement des médicaments et le transport des équipes de vaccination, carburant et indemnités du personnel compris ».

Après 6 années de mise en œuvre, les acteurs du pays et du niveau régional participeront dans les semaines à venir à un atelier autour du « Bilan de la mise en œuvre du PRAPS I : pérennisation des acquis et mise en œuvre des activités du le PRAPS II ».




Le Genre dans le PRAPS : un levier pour le développement

Le PRAPS- Mauritanie un cas de réussite

Dans un entretien sur la mise en œuvre du projet de manière spécifique en Mauritanie, Doussou Dicko Hamzatta se prononce sur le genre dans le PRAPS, son intégration, les actions menées sur le terrain et les synergies avec d’autres structures et évoque les secrets de la réussite du PRAPS Mauritanie . » Je suis madame Doussou Dicko Hamzatta, Spécialiste des questions de Genre et intermédiation sociale du PRAPS- Mauritanie. La prise en compte du genre au niveau du PRAPS est une réalité dans l’ensemble des 6 pays du projet et au niveau régional.

De façon spécifique en Mauritanie est une très longue histoire. qui a connu de hauts et des bas mais qui aujourd’hui se réjouit de ses acquis pour le bonheur de nos bénéficiaires. Quand on démarrait le PRAPS en 2015, tous les spécialistes du genre/pays avaient d’énormes contraintes pour prendre en compte la question du genre. Le PRAPS a été conçu de sorte que les questions de genre n’étaient pas une priorité de départ. Quand on prend l’exemple, dans le cadre de résultats du PRAPS, les bénéficiaires directs du PRAPS étaient uniquement ceux qui bénéficiaient de la vaccination.

Lorsqu’on parle la vaccination dans les pays du Sahel, plus particulièrement en Mauritanie, quand on va vacciner le bétail et tant qu’il y’a un homme dans le ménage c’est son bétail qu’on voit et non celui du ménage. Les jeunes et les femmes étaient écartés. Au niveau de la Mauritanie, concernant le genre nous avons eu à élaborer une stratégies Genre pour voir concrètement, dans les différentes composantes du projet en lien avec les politiques nationales, comment il fallait faire en sorte à ce que aussi bien les femmes et les jeunes ou d’autres couches vulnérables soient outillées et pris en charge. Ces couches sont également présentes dans le milieu pastoral, elles sont issues du milieu des pasteurs et des agropasteurs. Nous avons donc eu à élaborer une stratégie avec plusieurs axes. Le premier axe était de voir comment institutionnaliser le Genre dans ces communes rurales parce que le PRAPS est ancré dans le Ministère de l’élevage.

L’un des axes prioritaires était de voir comment appuyer le ministère à prendre en compte la question du genre. C’est dans ce cadre donc que nous avons eu à faire vraiment un travail capital, ce qui a abouti à un appui institutionnel au niveau du Ministère de l’élevage. On note par exemple, la création de Cellule sectorielle Genre, la mise en œuvre des formations spécifiques sur les questions du Genre mais aussi la collecte de données désagrégées par sexe, des indicateurs spécifiques du Genre qui sont des conditions obligatoires pour la prise en compte du Genre. En plus de cela, sur les autres axes de la stratégie, nous nous sommes attaqués aux différentes composantes du PRAPS : de la Composante 1 ‘’ Amélioration de la santé animale’’ à la composante 5 ‘’ Gestion du Projet et Appui institutionnel’’ en passant par la ‘’Gestion des ressources naturelles ‘’, la ‘’ Facilitation de l’accès aux marchés ‘’et ‘’ La Gestion des crises pastorales’’. Nous avons essayé de détecter les activités qui peuvent porter un changement dans les différentes composantes du projet. Pour ce faire nous avons eu à mener des activités spécifiques dans plusieurs composantes qui ont vraiment données de bons résultats. Dans le cas de la composante 1, par exemple, comme activité, nous sensibilisons tous les acteurs sur l’importance de faire vaccinier son bétail mais aussi, de communiquer sur les informations à l’accès des femmes aux ressources animales. C’était difficile de collecter ses informations. Mais à travers toutes les sensibilisations menées, en synergie avec les Délégations régionales du ministère de développement rural, nous sommes arrivées à ce que les bénéficiaires du projet nous communiquent certaines informations telles que l’accès aux ressources des femmes que nous n’avions pas l’habitude de collecter.

Sur la composante 2 également nous avons eu à faire un ensemble d’activités, par exemple sur les chartes pastorales. Nous avons essayé de mettre en valeur le leadership féminin parce que les femmes jouent un très grand rôle en matière de gestion des ressources naturelles. Dans la mise en place de ces chartes, nous avons en synergie avec d’autres acteurs mis en évidence le leadership féminin.

Dans le cas de la Composante 3, nous avons eu à mettre en places tout ce qui est implantation de Mini Laiteries. Celles-ci sont des petites unités légères qui sont portées essentiellement par des groupements de femmes. C’est dans ce cadre que le PRAPS a mis 15 Mini Laiteries portées par 506 femmes qui ont été formées sur les techniques de transformation et qui ont été équipées dans toutes les zones d’intervention du projet. Cela a produit des impacts non seulement en matière d’autonomisation économique des femmes mais aussi en termes d’accès à un emploi à cette communauté qui ne faisait absolument rien. Il faut par ailleurs préciser l’amélioration des conditions de vie des enfants et des personnes âgées qui est un résultat important.

En effet, en plus des 15 Mini Laiteries créées, le PRAPS a appuyé la réhabilitation de 10 anciennes Mini Laiteries qui avaient des problèmes de fonctionnalité. Ces 10 Mini Laiteries ont été créées par d’autres partenaires, mais le PRAPS les a accompagnées en termes d’équipements et renforcement de compétences spécifiques. Nous avons également recruté un consultant pour travailler sur l’amélioration de la production laitière parce que les Mini Laiteries travaillaient pendant une période donnée (4 mois). Suite à l’accompagnement du PRAPS, ces Mini Laiteries sont fonctionnelles durant toute l’année. Dans les marchés à bétail, dans le contexte mauritanien, ce sont les hommes qui vendent le bétail dans le marché. Mais nous avons d’autres acteurs que nous n’avons pas oublié qui sont spécifiquement les femmes qui font de la restauration dans les marchés de bétail.

Dans le cadre de la composante 4, nous avons eu à mettre ces femmes dans les meilleures conditions pour qu’elles puissent faire leur travail de manière correcte par l’acquisition d’équipements : des congélateurs solaires, l’octroi de fonds d’AGR pour qu’elles puissent acheter les denrées de première nécessité pour travailler convenablement. Dans le volet B de cette composante, c’est là où nous finançons les activités génératrices de revenus (AGR) et nous avons 4260 personnes qui ont bénéficié de ces AGR dont 1424 femmes et jeunes. C’est vraiment environ 99% de femmes et c’est un aspect très important. Lors de l’élaboration de la stratégie Genre, dans l’outil de référence, les femmes avaient un problème d’accès et de contrôle à la ressource financière. Le projet a contribué vraiment à ce que ces femmes rurales et pasteurs issue de la communauté pastorale et agro-pastorale puissent avoir accès à la ressource financière et à la contrôler.

En termes de formation qualifiante, nous avons eu à améliorer les pratiques de tannage de cuir et peaux, qui étaient transformées de façon rudimentaire, et nous avons renforcé les compétences des femmes pour leur permettre de gagner leur vie quotidienne sans aucune difficulté.

Au-delà du Tannage, le PRAPS-Mauritanie les a amenées à confectionner des produits, des accessoires avec les moyens disponibles. Dans les zones d’intervention du PRAPS, nous avons pu installer six (06) sites de fabrication de chaussures, mettre à leur disposition des accessoires à base de peau et cuir portés par les femmes qui ont été formées dans le cadre du projet. Actuellement le projet a formé 817 jeunes dont 39% de femmes dans plusieurs domaines (en électricité rurale, en plomberie, etc.) qui sont des métiers porteurs dans le secteur rural plus particulièrement dans le milieu pastoral.

Défis actuels du PRAPS

ll faut d’abord discuter avec les femmes, rehausser le niveau de confiance en soi en soi sur certain aspect, par exemple, tout ce qui est violence basée sur le genre. Chez nous en Mauritanie, il y a des types de violence que les femmes pratiquent sur certaines femmes. Il y a tout un travail qu’il faut faire à l’endroit des femmes avant de commencer à travailler avec les hommes. Ce sont des défis au niveau des personnes.

Nous avons également eu des défis au niveau de la stratégie Genre. Nous travaillons dans un secteur où les questions du Genre n’étaient pas prises en compte avant le PRAPS. Il fallait d’abord reconstituer et ce que nous pouvons faire et ce que dont nous avons besoin au niveau du projet c’est que les acteurs et les autorités nous facilitent les choses pour qu’on puisse faire concrètement notre travail.

Il faut que les gens aient une idée sur la disparité de genre qui est dans le secteur. Si vous ignorez la disparité qui existe, il vous sera impossible de la combler parce que vous ne connaissez pas les disparités de genres, encore mieux quelles stratégies adopter et quelles activités mener. Sur ce document le personnel du ministère de développement rural est constitué de 79% d’hommes contre 21% de femmes. Ce sont des statistiques que certains ignorent par manque d’information. Mais nous avons fait des investigations et nous avons détecté un problème en matière d’inégalité de genre. Nous avons une perte en matière de capital humain. Ce sont des choses à corriger dans les activités du développement.  »

Pour plus d’informations merci de suivre: https://www.facebook.com/praps.mauritaniewww.praps.mr+18

Doussou Dicko, Experte Genre du PRAPS-Mauritanie