1ère édition de la Concertation de Haut niveau pour une transhumance transfrontalière apaisée dans le couloir Ouest : Mano River Union (Guinée, Liberia, Sierra Leone), Sénégambie (Gambie, Sénégal) Mali, Mauritanie et Guinée Bissau

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 « La concertation reste le moyen le plus efficace pour préserver la paix… »: Samba Ndiobene KA, Ministre de l’Elevage et des Productions animales  de la République du  Sénégal.

Du 19 au 21 novembre 2019, s’est tenue à Dakar la 1ère édition de la Concertation de Haut niveau pour une transhumance transfrontalière apaisée dans le couloir Ouest : Mano River Union (Guinée, Liberia, Sierra Leone), Sénégambie (Gambie, Sénégal) Mali, Mauritanie et Guinée Bissau. L’objectif assigné à la ladite concertation a été de contribuer à l’amélioration de la gestion des flux de transhumance transfrontalière et de commercialisation du bétail, en fournissant aux décideurs politiques, des informations leur permettant de prendre des décisions stratégiques et opérationnelles relatives aux déplacements des animaux entre les pays invités.  Il a par ailleurs été question  des échanges d’insuffler une dynamique de concertation entre les acteurs du sous-secteur de l’élevage en général et des systèmes d’élevage mobiles, en particulier. La rencontre a été organisée sous l’égide de la CEDEAO et du CILSS en collaboration avec plusieurs partenaires techniques et financiers tels que la Banque mondiale à travers le PRAPS

Autrefois, le pastoralisme en général et la transhumance transfrontalière en particulier, étaient des facteurs de cohésion et d’enrichissement des peuples. Cependant, depuis quelques années de problèmes  réelles problématiques de développement se  rattachent à ces activités. Il s’agit notamment de la démographie galopante, des changements climatiques, de l’accès aux ressources, des conflits, des difficultés sécuritaires et d’entraves socio-économiques. D’où l’importance de réunir les acteurs afin de promouvoir le dialogue et faciliter la transhumance transfrontalière apaisée  entre les pays. Nul ne peut douter de la contribution de l’élevage et du pastoralisme dans les économies de nos pays. Cela est décrit par les différents flux de transhumance transfrontalière des troupeaux et du commerce de bétail dans les espaces. Toutefois, « les retombées économiques et sociales, voire environnementales positives et conséquentes qu’ils génèrent, les systèmes d’élevage mobiles, encore largement dominants en Afrique de l’Ouest sont toujours mal compris et font l’objet d’un traitement inadapté », a martelé le Représentant du Commissaire chargé de l’Agriculture, l’environnement et des ressources naturelles de la commission de la CEDEAO, M. Salifou Ousseini, Directeur Exécutif de l’ARAA , à l’ouverture des travaux, le 19 novembre 2019 à Dakar.

Pour le  Ministre de l’Élevage et des productions animales de la République du Sénégal, Samba Ndiobene Ka, les situations liées au contexte actuel  affectant la transhumance telles que les conflits, l’insécurité et le terrorisme ne doivent persister: «  … il est important de mettre en place un mécanisme permettant de prévenir la survenue des conflits rattachés au pastoralisme et à la transhumance transfrontalière et de sécuriser les espaces pastoraux. Il s’agira de garantir aux pasteurs le plein droit d’exploiter les ressources pastorales en vue de la satisfaction de leurs besoins socio-économiques et culturels. Un exercice de ce droit doit obéir à une gestion rationnelle des ressources naturelles et à la protection de l’environnement ».

Conscientes de ces enjeux, à la base, les organisations professionnelles ont initié les cadres de concertation avec l’ensemble des parties prenantes en faveur de la transhumance transfrontalière apaisée  entre les pays sahéliens et côtiers. Et au fil des années. Les cadres de concertation ont été institutionnalisés pour un meilleur impact. Ainsi après les rencontres de haut niveau  du Couloir Lac Tchad: Tchad, du Nigeria, du Niger, du Cameroun et de la République Centrafricaine organisées du 23 au 25 septembre 2019 à N’Djamena, au Tchad et celle de la 6è édition Réunion de Haut Niveau du Couloir central (1er cadre de concertation) à Accra du 7 au 110 octobre2019, Dakar a abrité Dakar la 1ère édition de la Concertation de Haut niveau pour une transhumance transfrontalière apaisée dans le couloir Ouest: Mano River Union (Guinée, Libéria, Sierra Leone), Sénégambie (Gambie, Sénégal) Mali, Mauritanie et Guinée Bissau.

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Ainsi, intervenant à la cérémonie d’ouverture de la Rencontre des Experts le 19 novembre 2019, M. Dodo Boureima, Secrétaire permanent du Réseau Billital Maroobé (RBM), a souligné que  « Cette initiative présente une valeur ajoutée importante dans la mesure où elle cherche à créer les conditions permettant de faciliter les mouvements du bétail dans la sous-région, en rapprochant davantage les principaux acteurs interpellés par les problématique de la transhumance, à savoir les décideurs politiques et financiers, tout en offrant aux institutions d’intégration sous régionale un instrument utile pour assurer le suivi de la mise en œuvre des politiques publiques en général, et celles dédiées à l’élevage en particulier. La création d’un tel cadre traduit la volonté des acteurs de la sous-région de se doter d’un dispositif institutionnel équivalent à celui du bassin central qui regroupe les pays du Sahel et ceux du Golfe de Guinée. »

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 En termes d’acquis en matière de dialogue pour une transhumance transfrontalière apaisée, il est à saluer la signature d’accords entre les espaces. Pour le Couloir Ouest, il s’agit notamment de la signature en 2006, d’un protocole d’accord réglementant la transhumance transfrontalière entre la République islamique de Mauritanie et le  Sénégal  et un autre accord entre le Mali et le Sénégal. Ainsi le Ministre Ka,: «demeure convaincu que la concertation reste le moyen le plus efficace pour préserver la paix entre les usagers des zones agro-écologiques qui se trouvent de part et d’autre des frontières héritées de la colonisation »

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Pour la Ministre de l’Élevage et de la pêche du Mali, Dr Rokia Maguira Kane, participant à la session ministérielle : « la transhumance transfrontalière est de plus en plus pratiquée dans les pays du Couloir Ouest: Mano River Union (Guinée, Libéria, Sierra Léone), Sénégambie (Gambie, Sénégal) et Mali, Mauritanie et Guinée Bissau. Cependant, elle doit être pratiquée dans les normes de respect de l’environnement, des réglementations, des us et des coutumes des zones et pays de séjour afin d’éviter les nombreux conflits qui en découlent principalement entre agriculteurs et les éleveurs. De même, les pays d’origine des animaux transhumants doivent prendre les dispositions afin d’éviter la propagation des maladies contagieuses,….je félicite les États de la CEDEAO pour avoir institué la délivrance du certificat international de transhumance (CIT) pour prévenir ces conflits et mieux encadrer le mouvement transfrontalier des troupeaux »

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Les 72 heures durant, les pays ont procédé à l’examen du bilan de la campagne de transhumance 2018-2019 et perspectives 2019-2020 dans les pays du Couloir Ouest et les pays invités. Ils ont par ailleurs échangé autour des chantiers de la sécurisation des systèmes d’élevage mobiles. Il s’est agi entre autres des grandes initiatives régionales de sécurisation du pastoralisme et du processus de construction d’une vision partagée sur les systèmes d’élevage mobiles.

Quelques conclusions extraites du Communiqué final de la Rencontre de Dakar

– Les Ministres notent avec satisfaction que la campagne de transhumance 2018-2019 s’est déroulée sans tensions entre les acteurs notamment entre les agriculteurs les éleveurs, en dépit du contexte climatique particulièrement difficile dans certains pays de la sous-région.

– Les Ministres se sont préoccupés du déficit successif en biomasse et en ressources hydriques qu’enregistrent depuis cinq années consécutives certaines régions du Sénégal et la Mauritanie. Ces déficits qui tendent à devenir structurels amplifient les flux de transhumance intra national et transfrontalière et rendent potentiellement conflictuelles les zones de concertation.

– Les Ministres se sont félicités des mesures et autres stratégies que les États et les organisations socioprofessionnelles des éleveurs déploient pour mitiger les effets induits par le changement climatique et ses corolaires : le déficit en aliments bétail, en eau d’abreuvement et les conflits potentiels entre usagers de ressources naturelles que le phénomène peut générer.

– etc.

Quelques recommandations

A l’endroit de la CEDEAO, de l’UEMOA et du CILSS :

  • Accompagner les États dans leurs efforts de lutte contre les maladies animales transfrontalières
  • Faciliter les concertations et dialogues bilatéraux entre les Etats et les acteurs du Couloir Ouest pour un meilleur encadrement de la transhumance transfrontalière.
  • Appuyer l’opérationnalisation d’un Observatoire sous régional de la transhumance transfrontalière.

A l’endroit des États :

  • Réactiver et renforcer les accords bilatéraux de coopération
  • Renforcer la surveillance épidémiologique des maladies animales transfrontalières en harmonisant les opérations périodiques de vaccination
  • Développer des systèmes d’identification des animaux pour lutter contre l’expansion du phénomène de vol.
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La 2éme édition de la Concertation de haut niveau sur la transhumance transfrontalière apaisée dans le Couloir Ouest se tiendra en Octobre 2020.